Coups de cœur des libraires
« Un mélange de Giono et de Shakespeare, une histoire d’amour qui se passe à Haïti… On a l’impression d’un poème en prose tout du long. On pénètre dans l’esprit de ces paysans haïtiens et on communie totalement avec la nature. » Jacques Baujard, librairie Quilombo — Paris
« Publié en 1944 dans une relative indifférence, quelques mois avant la mort de son auteur, à 37 ans, réédité il y a quelques mois par Zulma après avoir été introuvable pendant des années, GOUVERNEURS DE LA ROSÉE, le troisième roman de l’activiste infatigable (en particulier contre la féroce occupation américaine des années 1915-1934) Jacques Roumain, est devenu depuis un grand classique de la littérature haïtienne moderne. Sous la plume du fondateur du Parti Communiste haïtien, en 1934, des personnages et une histoire prennent rapidement forme et se donnent rapidement les moyens d’accéder à un statut quasi-mythique. Lorsque le jeune Manuel revient de Cuba, où il a passé quinze ans comme ouvrier agricole dans les plantations de sucre, et participé de près à l’éveil d’une conscience socio-politique chez les prolétaires de la plus grande île caraïbe, il découvre son village natal haïtien au bord du gouffre, terrassé à la fois par une terrible sécheresse qui, ruinant les cultures vivrières des paysans pauvres, les met à la merci des riches marchands, qui rachètent leurs lopins à vil prix, et de leurs cohortes d’intermédiaires et fonctionnaires corrompus, qui les saignent de prêts usuraires et de tracasseries arbitraires, et par une sombre vendetta qui divise les forces vives des travailleurs de la terre, déjà amoindries, en deux clans apparemment irréconciliables. Il faudra toute l’abnégation de Manuel, arpentant inlassablement les mornes et les ravines à la recherche d’une source, et tout son amour partagé pour Annaïse, belle jeune fille du clan d’en face et complice de son rêve d’unité et de liberté, pour que, peut-être, les choses changent… En forme de fable, dans une langue magnifique où les dialogues font mouche et tapent fort, où les personnages ne sont jamais caricaturaux, où les descriptions, pourtant tout en retenue, font vivre la beauté, où transparaît comme le souffle d’un Giono qui aurait disposé d’une conscience socio-politique, un très grand roman. » Librairie Charybde — Paris
En quoi un roman écrit dans les années 1940 et qui décrit une situation bien particulière arrive à parler au-delà des décennies à des personnes vivant une toute autre réalité ? C’est peut-être là qu’on peut commencer à parler d’œuvre intemporelle ou bien de chef-d’œuvre. Tout en pesant ces mots, cette qualification s’impose. La quatrième de couverture nous le présente ainsi (comme oh combien de quatrièmes de couverture), mais c’est seulement en refermant le livre, des semaines plus tard, avec toujours l’écho des chants des coumbites dans les oreilles et les paysages désolants des mornes haïtiens dans les yeux qu’on acquiesce. La rencontre a bien eu lieu et nous en sommes reconnaissants. »