« Du fantastique au merveilleux, de l’irrationnel en suspens à l’autre monde manifesté, il n’y a qu’un cillement qui retourne le rêve probable en incernable réveil. » 
Amateur d’antiquités et chineur – passion incarnée dans le Courtier Delaunay – Châteaureynaud fouille et exhume l’inattendu en toute chose. D’où cette écriture soucieuse du détail, d’une puissance parfois lunaire qu’Edgar Poe n’eût pas désavouée. Et ce rapport au temps, qui en est le prolongement. Passé, présent ou futur sont ainsi habilement entremêlés – voir Zinzolins et Nacarats, d’inspiration kafkaïenne et wellsienne.
Dans le Courtier Delaunay, encore, s’exprime à couvert une fascination pour la Maison. « Les regards habités sont si rares, de nos jours ! » lit-on à propos du regard du courtier qui ne quitte pas son appartement mais « passe la barre » pour dénicher l’introuvable. Habité par quoi ou par qui ? Passant la barre de quelles eaux redoutables ? Qu’il s’agisse d’une prison de marbre (L’Inhabitable), d’un pavillon de banlieue symbole d’une enfance perdue (L’Enclos) ou d’un manoir provincial (Château Naguère), l’auteur s’attache à la relation profonde qui unit l’homme à sa demeure et aux lieux. Donc au réel.
Ouvertes et fermées, ses fins se dérobent sous nos pas, encerclent avant de s’évanouir, comme par enchantement.